Imbibé de films gore, de littérature horrifique et surtout de Death Metal « Old School », Horoh est une formation atypique dans le paysage musical hexagonal, pour de multiples raisons. Soutenue depuis le berceau par Crypt of Dr Gore, fanzine régional qui a muté en label, la formation Death Metal s’apprête à sortir, le 14 février, son deuxième opus, Horde of Horror, qui comblera le cœur des amoureux. Heretik s’est entretenu avec Jérémy, membre fondateur, et Seb, récemment devenu membre à part entière du groupe.
Propos du groupe recueillis par Fred VDP
Salut ! Pouvez-vous présenter Horoh, ses membres, sa création et son évolution ?
À la base, Horoh est un “one-man band”. Dans la région de Bayonne, créer son propre groupe de Death lorsque les copains préfèrent le Thrash ou le Heavy n’a rien de facile. Alors autant se débrouiller tout seul. Le premier EP de Horoh sorti en 2021 n’a pas eu une grosse portée, mais avec Aberration (2023), et surtout la rencontre avec Mathieu de Crypt of Dr Gore, les choses ont commencé à bouger. Comme je savais que je n’aurai pas la chance de trouver des gens motivés autour de moi, je suis allé les chercher à l’autre bout de la France, par correspondance, et c’est là que j’ai rencontré Seb. Je l’ai d’abord contacté pour faire l ‘illustration de Aberration et je me suis rendu compte qu’on aimait le même genre de Death Metal. Du coup, en plus de l’illustration il a fait un feat. sur « Devour the Saviour ». On a sympathisé et il a définitivement intégré Horoh pour ce deuxième album. C’est un peu le deuxième membre du « one-man band » (rires). On habite à l’opposé l’un de l’autre mais on se rejoint musicalement, ça coule de source.
Aberration avait un côté très cru, Horde of Horror semble prendre une dimension supplémentaire de par son côté narratif. Comment l’avez-vous conçu et pensé ?
Oui tu as raison, cet album est beaucoup plus riche. Même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’un concept-album, Horde of Horror a été réfléchi avec un fil rouge de manière à obtenir un album homogène, avec des introductions pour pas mal de morceaux, souvent des samples issus de films “gore”, et une outro. Pour faire du Death groovy et putride, il faut trouver la bonne note au bon moment et surtout trouver la bonne ambiance. Seb s’est occupé de la partie ambiance générale car il a une grande culture cinématographique et littéraire, c’est donc lui qui a amené les idées de départ. Cet album est un peu un voyage dans le temps à travers les films et les bouquins qu’on aime. C’est d’ailleurs grâce à cet album que l’on a enfin donné un sens au nom du groupe : HOR(de) O(f) H(orror). A la base le nom ne signifiait rien de particulier, si ce n’est un joli palindrome. Rien n’a été laissé au hasard dans l’écriture de l’album, il y a toujours des petits détails sur chaque morceau : les samples n’ont pas été choisis au hasard, ils servent de passerelle entre les titres et se fondent intégralement dans les passages instrumentaux. C’est un album qu’il faut écouter sans interruption, comme une histoire que l’on raconte de A à Z, mais une histoire d’horreur (rires).
Il y a un invité sur l’album ?
Oui ! Martin Jäger, chanteur de Blood, dont Seb a toujours été très fan. On a pris contact avec lui via les réseaux et on lui a laissé le chant sur “Death Evoken”. Il y a même une reprise de Blood, “Cannibal Ritual”. Même si l’on n’est pas des adeptes du cover, il ne s’agit pas ici d’une pure copie de l’original. On y a amené notre touche et Blood est ravi de cette reprise. On fait en quelques sortes perdurer cette partie de la scène Death.
L’artwork de Horde of Horror est à nouveau magnifique et de grande qualité. C’est toi Seb qui l’a réalisé, peux-tu nous en parler ?
À la base avec Mat (Doc Gore) on voulait sortir un picture-disc, j’étais donc parti sur un artwork en cercle. Mais comme le format ne plait pas à tout le monde je l’ai retravaillé. J’ai représenté quelques monstres emblématique : le zombie qui sort de la pochette, les chaines et le crochet de boucher pour Hellraiser, LeatherFace de Massacre à la tronçonneuse bien entendu, et le cannibale au centre du dessin qui est un gros clin d’œil à la pochette de Ultimo Mondo Cannibale de Impetigo. La pochette est un hommage sincère au cinéma et à la littérature horrifique, notamment grâce aux teintes et aux couleurs qui rappellent les comics des années 50 et 60. Enfin, on tient aussi à remercier Fabien Guillot pour la mise en page fabuleuse. Horoh est un travail d’équipe !
Avec la distance qui vous sépare (Jérémy sur Bayonne et Seb en Alsace), pensez-vous qu’il soit possible de voir un jour Horoh sur scène ?
(Explosion de rires) On nous a déjà posé la question ! On n’est pas fermés sur le concept, ce qui risque d’être compliqué c’est la logistique : comment s’y prendre et qui contacter pour former un vrai groupe de scène ? Horoh n’est pas ultra technique mais faut que ça groove, et il faut donc trouver les personnes ayant la même sensibilité artistique et musicale. Et il faut aussi trouver du temps au milieu de nos vies et de nos divers projets. Il faudrait que ça soit exceptionnel, du “one shot”, avec les 1300 bornes qui nous séparent ce ne sera pas simple.
Quelles sont vos influences musicales, Metal ou autres styles d’ailleurs ?
Le noyau dur de nos influences reste le Death, avec cependant des groupes assez différents : ça va de Autopsy à Cannibal Corpse, en passant par du Death plus “mid-tempo”. Finalement c’est le mélange de tout ça qui fait la force Horoh. Mais notre discographie est très variée : musique classique, Blues, Rock Prog et Psyché, chanson française (Higelin, Thiéfaine) et même de l’électro dans la veine de Perturbator et Carpenter Brut.
Que pensez-vous de la scène Death Metal actuelle ?
On est assez mitigés sur le sujet. Ce qu’on reproche aux groupes émergeant, c’est de vouloir paraître avant d’être ! Il faut une belle pochette, un beau logo et un beau maquillage, mais quand tu écoutes la musique ça sonne creux. Si tu ne cherches pas ta propre identité musicale mais que tu cherches à ressembler à quelqu’un, alors c’est le début de la fin. Ces groupes, dont nous préférons taire les noms, cherchent à gommer ce qu’ils n’ont pas en son par le paraître, et ça nous gêne beaucoup. À la base, le Metal est une musique contestataire et aujourd’hui c’est devenu très consensuel, avec une appropriation culturelle qui ne nous plaît pas. Pour nous le Death Metal doit garder ce côté abrasif, dégueulasse, ça n’est pas une musique pour tout le monde. On aime quand c’est graveleux et quand l’auditeur doit faire un effort d’écoute et de compréhension. Au-delà de ça il y a heureusement une belle relève avec des groupes de gamins qui jouent comme Necrophagia. On pense notamment aux polonais de Toughness qui jouent un Death super glauque. Ils ressentent les choses comme on les sentait à l’époque.
Un petit mot pour conclure ?
On remercie vraiment toutes les personnes qui ont soutenu ce projet. D’autres sont à venir, notamment en 2025 avec la Crypt, mais on garde la surprise ! Et merci à toi et à Heretik Magazine pour le support. On espère que le public prendra autant de plaisir à écouter Horde of Horror que nous en avons pris en le travaillant.
Horoh, c'est :
J. : Tous les instruments, chant
Sébastien : chant
Discographie :
Crush the Molested Deadly Mouth for Guts and Glory (EP-2021)
Aberration (2023)
Horde of Horror (2025