Depuis presque 38 ans, Mercyless nous ravit les cages à miel avec sept albums studio, trois albums live, deux compilations, ainsi que deux splits avec Crusher et Avulsed. Les Alsaciens continuent de déverser toute leur rage avec Those Who Reign Below, sorti le 25 Octobre 2024. Heretik Magazine est allé à la rencontre de Max Otero, chanteur et guitariste.
Propos de Max Otero (chant, guitare) recueillis Par Flavien Minne
Salut Max, merci de répondre à notre invitation à l’occasion de la sortie de Those Who Reign Below, le huitième album-studio de Mercyless. Comment a-t-il été conçu ?
Cet album a été conçu pendant une année, en 2023, entre les concerts, fests et tournées… On a le temps qu’il faut en enregistrant, en répétant, en réécoutant et en prenant le maximum de recul pour retravailler les arrangements, textes, pochette, etc… Cela nous a demandé pas mal de taff car on a voulu, dès le départ, aller vers une production organique et directe, très typée années ‘90. Du coup, on a travaillé en amont avec Raph Henry du Heldscalla Studio pour obtenir ce son si caractéristique du Death Metal des débuts, avec une préparation et une mise en place qui nous a demandé beaucoup de taff, car il n’est pas évident de produire un tel son de nos jours où tout le numérique est légion dans nos studios.
Comment définirais-tu Those Who Reign Below ? Quels sont les thèmes abordés ?
Cet album est violent, malsain, sans compromis, et va a l’essentiel… C’est-à-dire peu de fioritures, des tempos plus rapides qu’à l’accoutumé et un son infernal très dense qui sonne comme du Mercyless en répétition… Tout cela baigne évidemment dans une thématique très “irreligieuse”, basée sur le parallèle que l’on peut faire entre les textes religieux de la Bible et la représentation du Diable, dans notre monde moderne sans âme et devenu absolument absurde. Ce personnage mythique et de fiction a tendance à représenter beaucoup de choses et de croyances basées sur la médiocrité et une philosophie de comptoir de plus en plus aberrante. C’est un personnage qui a de l’avenir.
Johann Voirin de Mortuary a rejoint l’épopée Mercyless l’année dernière. Comment la rencontre s’est-elle faite ? un mot pour le définir ?
Il nous a rejoints fin 2023 suite à la fin de notre collaboration avec Laurent… Gautier, le guitariste, dépannait aussi Mortuary et au moment de chercher un batteur, Jo a tout de suite voulu nous rejoindre pour découvrir de nouveaux horizons. Il est rapide, a une bonne frappe et a tout de suite compris la direction et les intentions du groupe. Et, pour finir, le plus important, on se comprend et on s’entend très bien, c’est important pour l’osmose.
Il y a beaucoup d’invités sur l’album. Est-ce que tu peux nous en dire plus ? Qui sont-ils ? Et comment ont-ils contribué à la finalisation de l’opus ?
On a fait appel à des amis que l’on connaît depuis longtemps et qui sont impliqués dans ce style de musique, chose la plus importante à nos yeux ; le côté “invité prestigieux”, juste pour faire beau, qu’il faut rémunérer et qu’ils n’en ont rien à foutre, ce n’est pas notre priorité. Il y a Thomas Munch du groupe Manzer, groupe de légende dans l’Underground, notre vieux pote Stéphane Baillot de Misgiving et Patrick Bonvin, un guitariste suisse du groupe Near Death Condition. Tous ces gars amènent un plus aux morceaux par leur style et leur technique tout en restant dans la direction musicale de l’album.
Une sortie d’album tous les trois quatre ans, c’est désormais le rythme de croisière de Mercyless ?
Honnêtement, ce n’est vraiment pas un calcul, mais c’est effectivement notre rythme entre chaque album. On aimerait bien faire un album tous les deux ans mais entre nos boulots, les concerts, festivals, tournées et nos vies familiales, c’est juste impossible.
Quand on a presque quarante ans de carrière (malgré une pause), quand on a un chant reconnaissable comme le tien, avec un groupe qui a sa propre identité comme Mercyless, a-t-on encore des influences musicales ? Et si oui, quelles sont-elles ?
Ah oui, toujours et encore… Les influences existent et demeurent très présentes dans nos cerveaux et c’est ce qui nous fait avancer pour la conception de notre musique. Il y a les fondamentaux qui sont toujours là comme Morbid Angel, Immolation, Death, Autopsy… et les influences nouvelles et diverses qui nous font découvrir certaines orientations, style Dead Congregation, Venefixion, Black Curse et plein d’autres qui nous permettent d’évoluer et de trouver certaines nouvelles idées de composition et d’arrangements sans pour autant tomber dans le “copier/coller”. Il nous faut cela pour garder une certaine motivation et découvrir de nouveaux horizons sonores.
Et si on retourne la question, te rends-tu compte de l’impact que vous avez sur le Metal français ?
Franchement, pas trop… Je sais que cela peut paraître présomptueux , mais j’ai toujours regardé cela de loin, on sait très bien que nous faisons partie de l’histoire du Metal extrême en France, et que l’on nous respecte pour cela, et c’est ce qui est important à nos yeux. Mais on n’est pas des donneurs de leçons, on n’est pas de grands musiciens, on n’a jamais été reconnu par la scène internationale, malgré les énormes retours sur nos premiers albums, on n’a jamais vraiment tourné comme on l’aurait voulu, et on n’a pas fait beaucoup de gros festivals… Donc, on garde la tête froide et on reste focus sur nos projets et surtout, on reste nous-mêmes, à savoir authentiques. Après, ce sont les gens qui décident de l’impact que l’on a pu avoir sur la scène française.
"On garde la tête froide et on reste focus sur nos projets et surtout, on reste nous-mêmes, à savoir authentiques"
La collaboration s’étant achevée pour une nouvelle avec Osmose Productions. Comment les rapports se sont-ils fait avec ces derniers ? Qu’est-ce-qui te plaît chez eux ? D’ailleurs, ils ont réédité votre premier opus Abject Offerings, l’année dernière…
Tout est parti de là justement, suite à la réédition de Abject Offerings. On n’avait pas de contrat avec Osmose. On est entré en studio sans label, et c’est pendant l’enregistrement qu’on a dealé avec Hervé, le boss du label. On a trouvé un vrai compromis avec lui sur la sortie du nouvel album. C’est très pro, avec une bonne distribution à travers le monde et une vraie capacité promotionnelle qui nous permet de renouer avec l’étranger et qui pourrait nous ouvrir quelques opportunités… En tout cas, je l’espère.
Vous allez honorer plusieurs fests cette année. Je pense notamment au Brutal Swamp Fest qui aura lieu à St-Omer le 19 avril prochain ! Y aura-t-il une tournée à proprement parler ? D’ailleurs, avec toutes ces années passées sur les planches, tu aurais bien une anecdote de concert bien croustillante à nous raconter ?
On y travaille, mais tu sais, on ne se prend pas la tête. On travaille doucement avec un côté
D.I.Y. qui demande plus de temps, et pour nous, le but est de s’y retrouver à la fin et de
partager de bons moments avec des groupes qui nous conviennent et avec qui on a des
affinités musicales. On évite le business des groupes et tourneurs trop gourmands, qui sont juste là pour te faire payer les frais de routes, les cachets et le bus des têtes d’affiche. Tu sais, on est des gitans et des punks dans l’âme. Nous sommes en train de prévoir une tournée pour 2025… Wait & see…
Une anecdote ?
(Il réfléchit) Dernièrement, notre van est tombé en panne en Allemagne. On est rentré en TGV allemand (Oui, on se la raconte !) dans le même wagon que les supporters du Borussia Dortmund. On a fini ivre mort avec eux. Quelle rigolade !
Que peut-on souhaiter à Mercyless pour 2025 ?
Des concerts, des festivals, des rencontres, arrêter d’écouter les donneurs de leçons de la scène “Metal”, loin de ces modes dégueulasses, loin des opportunistes et parasites en tous genres, des bons moments et surtout continuer à faire cette musique qui est plus qu’une passion… et survenir ceux qui se battent dans l’ombre comme Heretik Magazine.
Justement, un petit mot pour les lecteurs d’Heretik Magazine ?
Merci à toi et à Heretik Magazine pour votre soutien depuis toutes ces années et au public
nordiste que l’on n’a pas eu trop l’occasion de voir ces derniers temps. Il faut que l’on répare
cela au plus vite. Merci à tous les activistes de l’ombre, fanzines, magazines, radio, tourneurs, labels, etc… Et tous ceux qui soutiennent l’Underground en général pour leur combat éternel dans le but de faire vivre cette musique et cette passion. Ecoutez Those Who Reign Below et dites nous… Cet album est notre vision de ce monde replié sur lui-même, violent, hypocrite et sans concession. Stay Evil !
Mercyless, c'est :
Max Otero : chant, guitare
Gautier Merklen : guitare
Yann Tligui : basse
Johann Voirin : batterie
Discographie :
Abject Offerings (1992)
Coloured Funeral (1993)
C.O.L.D (1996)
Sure to Be Pure (2000)
Unholy Black Splendor (2013)
Pathetic Divinity (2016)
The Mother of All Plagues (2020)
Those Who Reign Below (2024)