Sangdragon, c’est d’abord un projet initié en 2011 par Lord Vincent Akhenaton, venant clôturer la “Mystic Trilogy” débutée avec Daemonium en 1993 puis Akhenaton en 1995. Hierophant est le deuxième album de Sangdragon, composé en deux parties (“Black dragon” et “White dragon”) sur lesquelles le groupe explore un Symphonic Black/Death sophistiqué et épique. Afin d’en savoir un peu plus sur cet opus et sur les projets du groupe, nous nous sommes entretenu avec Will Hien (bassiste), heureux de revenir indirectement sur ses terres du nord à travers Heretik Magazine.
Propos de Will Hien (basse) recueillis par Fred VDP
Bonjour Will. Huit ans se sont écoulés depuis la sortie de Requiem for Apocalypse. Pourquoi avoir attendu autant de temps entre les deux albums ?
Étant donné que nous ne dépendons pas d’un label, ayant fait le choix depuis le départ de sortir nos albums chez Wake Up Dead Records, notre propre structure mise en place en 2012 quand nous avons réactivé le projet, rien ne nous obligeait à nous précipiter. Nous sommes tous extrêmement occupés par nos jobs, activités diverses et vie de famille, et surtout, l’expérience de l’album Requiem For Apocalypse a montré qu’il était bon de laisser mûrir les idées, pour y revenir ensuite et améliorer les choses. Dans Sangdragon, les versions démos sont souvent très éloignées du résultat final et nous savons qu’il ne sert à rien de se précipiter.
Nous avions prévu de sortir un album « classique » de 7 ou 8 titres mixant les deux univers, un peu comme sur Requiem For Apocalypse mais la période COVID a rebattu toutes les cartes. Il faut savoir que dès 2017, si mes souvenirs sont bons, Vincent avait émis l’idée de sortir un double album, avec une face « noire » montrant le côté extrême du groupe, avec cette base Death/Black orchestral, et une autre face « blanche » avec le côté Folk médiéval.Mais comme il lui faut à peu près cinq ans pour faire un album, cela nous aurait emmené trop loin et nous étions donc partis sur un album simple mixant les deux univers. Finalement, le COVID et l’impossibilité de tourner pendant quasiment deux ans nous ont redonné l’occasion d’aller au bout de l’idée initiale. Voilà pourquoi ça a pris autant de temps car nous avons également tout enregistré et mixé nous-mêmes.
Votre line-Up a évolué depuis la création du groupe, avez-vous trouvé la bonne formule pour Sangdragon ?
Vincent a toujours été clair là-dessus : Sangdragon, c’est lui, mais la porte est toujours ouverte à ceux qui veulent s’intégrer au projet ou en sortir. Pas de drama inutile : si tu ne t’éclates plus, tu pars simplement, tu t’assures que tu as quelqu’un à nous proposer à ta place – c’est mieux – et quelqu’un de plus motivé et expert dans son domaine intègre le groupe. Pour autant, le line-up est stable depuis début 2020 même si Florian Lochem (guitares) est remplacé par notre pote Jean-Philippe Gautier (Thalidomide) depuis avril car Flo n’est pas disponible pour le moment, de par ses études et sa vie personnelle en Allemagne, et le fait que sa priorité musicale reste Catalyst. Là encore, pas de drama, tout a été clair entre nous : Flo a filé tout un tas de tablatures et de plans à Jean-Phi au printemps afin que celui-ci puisse s’intégrer au mieux et si un jour on peut se permettre de jouer sur scène à deux grattes et qu’il est disponibles, on ne s’en privera pas ! Ce mec est cool et c’est un tueur technique dans son genre, cela se ressent d’ailleurs sur l’album Metal (le Black Dragon) et il fait toujours partie du projet. Pour le reste, on se marre vraiment bien entre nous, on peut dire qu’on est devenu une famille.
Sangdragon fait partie d’une « Mystic Trilogy » avec Akhenaton et Daemonium. Peux-tu nous parler de cette entité à trois têtes ?
Sangdragon est la troisième incarnation du projet créé par Vincent au début des années 1990 avec Daemonium, et pour le coup, c’est seulement le deuxième album de la Trilogie qui sort sous le même patronyme. La trilogie est basée sur l’histoire d’un guerrier qui tente d’évoluer à travers trois plans : mental pour le Daemonium, éthérique pour le Akhenaton et physique pour le Sangdragon, bien que les choses ne soient pas totalement figées selon les albums. Chaque nom correspond donc en gros à un plan différent.
Parlons à présent de ce nouvel opus, Hierophant. On peut dire qu’il s’agit là d’un travail colossal (double-album) qui sonne comme une épopée. Peut-on, dans un premier temps, parler d’un album-concept ?
Merci, c’est effectivement un travail colossal de sortir un double album mais Hierophant n’est pas un album-concept au sens où on l’entend. Pour Hierophant, ce sont des moments bien choisis dans la trilogie et même après celle-ci, sur lesquels Vincent a voulu revenir en donnant des précisions, soit d’émotions, soit de réflexions, soit de faits.
Comment se sont déroulés la composition puis l’enregistrement de Hierophant ?
Vincent a composé tous les morceaux, sauf « Behind The Mist », dont Edouard est le géniteur. Tout est mis dans un premier temps à plat sous forme de pré-prod. Vincent et Ed ont trouvé une routine de compo assez fluide depuis le temps qu’ils collaborent pour Sangdragon (2011-2012). Vincent joue ou chante ses idées, Ed les enregistre ou écrit directement sur Cubase. Puis il complète les arrangements et chaque musicien travaille alors sur cette pré-prod, afin d’y mettre sa patte. C’est très ouvert pour que chacun s’y reconnaisse. Vincent fait le tri et on enregistre les versions finales ensuite. Ça peut être très long surtout car Vincent change souvent d’avis suivant ses humeurs… Pour conclure, quinze titres composent les deux CD, où Ed a fait un travail pharaonique d’enregistrement, d’arrangements et de mix et rien n’a été laissé au hasard, il n’y a pas de remplissage.
Ces deux CD représentent la dualité qui fait partie intégrante de chacun d’entre nous. C’est l’analogie des contraires, l’ombre (The Black Dragon) n’existe pas sans la lumière (The White Dragon) et inversement. Le but de ces deux CD était de donner une vision exhaustive de ce qu’est aujourd’hui Sangdragon, car nous nous produisons aussi sur les fêtes médiévales avec notre troupe de spectacle et de combats (L’Ost Du Dragon). Si les gens n’aiment pas l’un ou l’autre, ils n’ont qu’à l’offrir à un ami qui l’appréciera.
« Ces deux CD représentent la dualité qui fait partie intégrante de chacun d’entre nous. C’est l’analogie des contraires, l’ombre (The Black Dragon) n’existe pas sans la lumière (The White Dragon) et inversement."
Qui est donc ce hiérophante dont l’album nous narre les aventures ?
Chez les Grecs, un hiérophante était un prêtre qui expliquait les mystères du sacré, un initié qui faisait passer des messages, souvent à caractère mystique, par l’intermédiaire de l’art, de la musique, de la peinture, de la sculpture… C’est exactement ce qui se passe sur cet album.
C’est aussi un titre honorifique dans le milieu ésotérique qui est aussi employé dans les rites maçonniques égyptiens et enfin, ce terme est aussi parfois utilisé pour dénommer l’arcane majeur du Pape dans le tarot de Marseille. Les Romains parlaient à ce titre de « Pontifex Maximus ».
À quoi va ressembler Hierophant sur scène, et le public des Hauts-de-France aura-t-il le plaisir de vous voir dans la région ?
Nous aimons bien tester les morceaux en live car ça permet d’avoir un recul sur des longueurs ou des maladresses par exemple. Par exemple, « Curse Of Desert » avait été testé pour la première fois en live en 2017 au Motocultor Festival ! Il faut savoir vivre dangereusement (Rires !) mais nous étions sûrs de sa force et la réaction du public fut fantastique. Pas étonnant que ce titre ouvre l’album… Il en a été de même pour de nombreux autres titres présents sur les deux disques.
Cet automne, nous avons donné quatre concerts autour de la sortie de l’album et je peux te dire qu’on a tout pété sur scène. Selon les dates, on a joué de 50 min à plus d’une heure trente et les réactions ont été assez unanimes : nous avons par exemple joué sur le Fensch Viking Fest III en Lorraine fin Septembre et sur le Conquerant Metal Fest IV vers Caen le 11 novembre, et très nombreuses ont été les personnes à venir nous dire après le show qu’on leur avait mis la plus grosse tarte de la soirée, alors qu’il y avait d’autres groupes bien connus à l’affiche. Je ne te parle même pas de la release-party de l’album à Mâcon le 21 octobre, qui fut complètement folle !
Un signe qui ne trompe pas, c’est que nous nous faisons souvent dépouiller le merch après nos concerts car nous marquons les esprits. Notre variété de titres est telle aujourd’hui que nous pouvons sans peine adapter notre setlist en fonction des festivals où nous nous produisons, en étant bien brutaux ou au contraire un peu plus folk et je peux te dire que vous devriez bientôt nous voir dans les Hauts-de-France, une date va effectivement bientôt être annoncée. Croyez-moi sur parole, Sangdragon n’a jamais été aussi puissant en live !
Merci à toi Will, je te laisse le mot de la fin…
Merci à vous pour ces questions et votre soutien. J’aimerais préciser certaines choses : du début de la composition à la sortie de ce double album dans les bacs, des milliers d’heures de travail ont été nécessaires. Tout a été pensé dans les moindres détails même si la spontanéité des compos a toujours été au cœur du projet : des arrangements des titres, au son, à la moindre photo, du press-book à l’habillage général qui devait être aussi séduisants que possible, tout a été réfléchi et planifié, et tu l’as dit plus haut, le travail a été colossal !Beaucoup de gens nous disent aussi qu’ils sont impressionnés par nos clips scénarisés, bien réalisés. En fait, c’est dans le même ordre d’idée : que restera-t-il de toute cette expérience, de nous, dans vingt ou trente ans ? Le son et l’image ! Donc, autant faire un truc propre sur l’instant, aller au bout de nos idées sans se poser de barrières et être fiers quand tout est terminé…
Le fait d’être en autoproduction représente une charge de travail dont les gens n’ont même pas idée, et maintenant que tout ceci est entre les mains des médias depuis Août et des fans depuis fin Octobre, les retours sont hyper positifs, que ce soit en France ou à l’étranger. Cela nous rend très fiers et nous remercions encore chaleureusement tous les gens (presse, organisateurs, fans) qui nous soutiennent depuis des années. On se voit bientôt !
Sangdragon, c’est :
Will Hien : basse, backing-vocals
Edouard Verneret : claviers, orchestrations, backing-vocals
Lord Vincent Akhenaton : Chant, instruments médiévaux
Cynthia Marciniak : chant
Denis Josserand Vocals : percussions, chant
Leo Mouchonay : batterie
Florian Iochem : guitares
Discographie :
Sous le nom de Daemonium :
Dark Opera of the Ancient War Spirit (or Search the Light) (1994)
Sous le nom d’Akhenaton :
Divine Symphonies (1995)
Sous le nom de Sangdragon :
Requiem for Apocalypse (2015)
Hierophant (2023)