L’été 2024 a du mal à pointer le bout de son nez. Pour le moment, le Hellfest Open Air a été épargné : les journées du jeudi et vendredi ont été particulièrement chaudes. Et nous avons eu raison d’en profiter, car cette parenthèse estivale n’a été que de courte durée. Nous sommes le samedi 29 juin, nous voulons attaquer la troisième journée dans les meilleures conditions possibles, mais voilà que la météo devient capricieuse et ce, dès l’aube : le temps est particulièrement orageux. Très vite, il pleut sur Clisson. Dommage, car la journée du samedi est - en ce qui nous concerne - la plus intéressante avec au programme Saxon, Bruce Dickinson, Stratovarius, Rhapsody Of Fire, Yngwie Malmsteen et bien sûr, Metallica, venu faire de l’ombre aux autres groupes à l’affiche.
Par Axl Meu / Crédit photos : Moris DC (retrouvez plus de photos sur nos réseaux sociaux)
Naturellement, les conditions météorologiques profitent aux groupes qui se produisent sous les tentes : nous pensons surtout à Eihwar qui nous a proposé un concert de Folk Ambient assez reposant placé sous le signe des combats épiques. Ce n’est pas si mal pour commencer la journée en douceur… Profitant ensuite du retour du soleil, nous nous dirigerons vers la MainStage 2 (où nous passerons une partie de la journée finalement) : la programmation est axée autour du Heavy Metal épique avec Crystal Viper (qui n’ont vraiment pas de chance, pour le coup), Sumerlands, Eternal Champion, Rhapsody Of Fire (et on en passe).
Sumerlands et Eternal Champion restent des groupes de niche. Portés par le génial Arthur Rizk à la guitare (le même qui a produit les derniers opus de Power Trip, Soulfly et même le dernier Kreator), les deux évoluent sensiblement dans le même style (le Heavy Metal épique, visiblement influencé par Manowar et consorts) et profitent de leur concert pour rendre hommage à leur bassiste, Brad Raub, décédé en mai dernier. Pas de remplaçant pour les deux groupes : une bande comble la basse et les groupes profitent du grand écran pour diffuser une photo de leur feu-compère. En tout cas, les deux performances valent leur pesant de cacahuètes et nous ont clairement poussés à aller écouter les dernières réalisations des groupes. Mention spéciale au chanteur d’Eternal Champion, Jason Tarpey, véritable chevalier en herbe, qui a su maintenir le public en haleine tout au long du set, jusqu'au final de « I Am The Hammer » au cours duquel il a revêtu un camail d’armure !
La MainStage 1 a, quant à elle, été aménagée comme il se doit pour accueillir Les Four Horsemen : leur fameux snake pit accapare une partie de la fosse de la scène principale, ce qui crée un creux entre le public et les groupes qui s’y produisent. Cela dit, quelques artistes s'aventurent tout de même sur cette fameuse avancée scénique, comme les Néo-Zélandais d’Alien Weaponry qui connaissent un regain de notoriété depuis leur tournée en ouverture de Gojira l’année dernière. Le concept est bien connu : le trio propose une musique musclée, à l’image des All Blacks, et engage même le premier circle-pit de la journée. Bien joué ! Le bilan est moins fameux pour les Canadiens d'Anvil qui fêtent pourtant la sortie de leur nouvel opus : One and Only. On connaît bien la bande à Lips, nous adorons ses classiques (Metal On Metal, en tête de liste) et son honnêteté, mais force est de constater que la rigueur est loin d’être au rendez-vous… Une nouvelle fois. Et il nous faudra bien plus qu’un solo de guitare vibromassé pour nous faire changer d’avis.
Nous devons l’avouer, l’instabilité dont a pu faire preuve Rhapsody Of Fire au cours de sa arrière a fait que nous étions quelque peu méfiant quant au concert des Italiens. Et pourtant, nous avions faux. Peut-être que Fabio Lione n’est plus de la partie, mais Alex Staropoli a trouvé en Giacomo Voli le parfait remplaçant. Incarnant désormais le Rhapsody Of Fire des temps modernes, le chanteur - vêtu d’une superbe cotte de maille - est parvenu à nous embarquer dans l’univers épique et fantaisiste du groupe à l’aide de classiques du genre comme « Dawn of Victory » et « Emerald Sword », ce dernier le voyant adouber un jeune homme du public sur scène ! Une véritable claque insoupçonnée !
Après une parenthèse Rock/Stoner proposée par Black Stone Cherry sur la scène principale 1, nous retrouvons Stratovarius qui, mine-de-rien, ne s’était pas produit au Hellfest Open Air depuis juin 2009, c’est-à-dire, à l’époque de la sortie de Polaris (!). En 2024, le bande de Timo Kotipelto a un nouvel album à défendre, Survive, qu’il honore à hauteur de deux titres (« Survive », « World on Fire »), mais configuration « festival » oblige, le groupe préfère aller droit au but et joue en mode « Speed Metal », les morceaux que tout le monde attend, c’est-à-dire, ceux des années NTS (« Eagleheart », « Hunting High and Low ») et autres classiques comme « Black Diamond » et « Paradise ». Un concert « express » certes, mais de qualité pour Stratovarius !
De l’autre côté, nous apercevons de loin Mammoth WVH, le projet du fils d’Eddie Van Halen, Wolfgang, désormais habitué des tournées en compagnie de Metallica. À nous de constater que la formule, très typée « Rock américain / Radio Friendly », est de plus en plus rodée et que le jeune musicien a - une nouvelle fois - touché de nouveaux fans. Après cet interlude « Rock », Yngwie Malmsteen fait son retour en France, presque 20 ans après avoir fait trembler l’Elysée Montmartre. Les murs de Marshall installés, ses musiciens arrivent sur scène sans crier garde. Le guitariste - qui vient de fêter ses 61 ans - reste fidèle à lui-même et se laisse désirer… Une fois arrivé sur scène, les Ray-Ban sur le nez, il multiplie les acrobaties « guitaristiques » à l’aide de ses Fender Stratocaster et se plaît à jeter des plectres à ses fans (et photographes) tout au long du concert. À l’exception de quelques morceaux (« Heaven Tonight », « Rising Force »…), la majorité du set est un véritable « showcase » au cours duquel Yngwie nous immerge dans son univers autocentré. Un excellent moment, rare, pour les passionnés de la 6-cordes, mais qui a pu paraître assez long pour les autres.
Niveau « guitar hero », nous sommes également servis du côté de la MainStage 1 avec Extreme, véritable valeur sûre du Hard Rock, surtout grâce à son guitariste « star », Nuno Bettencourt, qui excelle aussi bien à la guitare acoustique qu’à la guitare électrique (une formalité, en fin de compte), notamment sur le gros classique du set « More Than Words » (qui - étrangement - fait écho à « Community Property » joué la veille par Steel Panther). Extreme - qui regrette amèrement d’être aussi éloigné de ses fans (merci le Snakepit) - nous a fait fort bonne impression ce soir-là : Pornograffitti, l’album culte du groupe, a encore la côte, même 34 ans après sa sortie !
Le temps se dégrade quand le Heavy Metal « teutonic » d’Accept débarque sur la scène principale n°2. Aujourd’hui, le groupe - qui commence le set visiblement regroupé - évolue à six (et donc à trois guitaristes) depuis peu sur scène. Peter Baltes ayant déserté le groupe en 2018, il ne reste plus que Wolf Hoffmann du line-up original, mais l’âme du groupe est toujours porté par le génial Mark Tornillo. En 2024, le groupe a sorti Humanoid, qui n’apporte rien de bien nouveau sur la table, mais qui a tout de même le mérite d’exister : « Straight Up Jack » et « The Reckoning » nous sont présentés « live », mais ce que les fans attendent, ce sont véritablement les classiques, comme « Metal Heart », « Midnight Mover », « Fast as a Shark », « Princess of the Dawn » et « Balls to the Wall ». Le show est classique, mais passe bien. À la fin du concert, la pluie ne cesse de tomber, mais ce n’est pas si grave : notre cœur de metal est fait d’acier inoxydable.
On peut être fier de Mass Hysteria qui se produit sur la scène principale juste avant Metallica. D’ailleurs, pour ajouter du cachet à sa performance, le groupe a créé l’événement et a permis à certains fans de voir ce concert depuis le fameux snakepit de Metallica (pour cela, il fallait participer au concours organisé par le magazine RockHard le jour-même). Naturellement, Mouss multiplie les punchlines et les classiques (« Positif à bloc », « Chiens de la casse », « Reprendre mes esprits », « L’enfer des dieux », « Contraddiction », « Plus que du métal ») se bousculent - tout comme les fans, d’ailleurs. BRAVO !
En mai dernier, Bruce Dickinson - bien que souffrant - nous avait déjà servi un concert mémorable à l’Olympia. Cette fois-ci, au Hellfest Open Air, il en est de même, bien que la pluie soit au rendez-vous. Il semblerait même que les intempéries aient décuplé les intentions (et la motivation) du chanteur qui joue les narrateurs (en français, s’il vous plaît !) et qui s’amuse parfois du mauvais temps (notommant sur « Rain On the Graves », tiré de son nouvel album, The Mandrake Project) ! On adore également le voir reprendre certains de ses vieux morceaux comme les superbes « Laughing in the Hiding bush » et « Chemical Wedding ». Par contre, où est passé « The Tower » ?!
La pluie s’est calmée à la toute fin du concert de Bruce Dickinson, parfait pour accueillir Metallica. Certes, il fait froid, nous sommes trempés, mais jamais nous n’aurions imaginé qu’une partie des festivaliers déserteraient le festival, nous permettant alors de rejoindre les abords du snakepit assez facilement pour finir. Il est 23h et, comme prévu, les 4 Horsemen arrivent sur scène avec de très bonnes intentions. Il faut le faire : commencer sur « Creeping Death », « For Whom the Bell Tolls », « Hit the Lights » et « Enter Sandman » ! Et pourtant… Passés ces quatre classiques, nous avons commencé à grincer des dents : l’ambiance (du moins, où nous sommes) est particulièrement glaciale et la sauce ne prend pas (à notre grand regret). La suite se ramollie vraiment, surtout lorsque Kirk Hammett et Robert Trujillo propose une reprise audacieuse de « L’aventurier » d’Indochine (après Johnny Hallyday et Trust, donc). À cela s’ajoutent moult moments hasardeux jusqu’au final pénible de « Master of Puppets » tout simplement loupé par Kirk Hammett ! Aujourd’hui, les Américains sont tout simplement passés à côté de leur concert. On oubliera tout simplement cette (grosse) déconvenue.
Au début de la journée, nous ne savions pas encore si nous allions voir Saxon ou Suicidal Tendencies. Et on doit l’avouer, l’aigle suspendu (et visible) tout au long de la journée sur la Mainstage 2 nous a clairement mis l'eau à la bouche. Nous avons tranché. Trois mois après sa tournée en ouverture de Judas Priest, nous revoyons donc Saxon cette fois-ci en mode « Castles & Eagles Show ». La scène est superbement aménagée, sous forme de château médiéval, concluant alors l’immersion épique animée tout au long de la journée par Eternal Champion, Rhapsody of Fire (et tous les autres) sur la scène principale n°2. Saxon, c’est tout simplement la cerise sur gâteau (« the cherry on the cake », comme diraient les beefsteak). Naturellement, le digne représentant de NWOBHM - rejoint définitivement par Brian Tatler (de Diamond Head) - défend ses nouveaux morceaux tirés de Hell, Fire And Damnation à coup de jets de flamme, mais nous devons avouer avoir un faible pour les classiques, notamment les nostalgique « And the bands played on », « Dallas 1 PM », « Strong Arm of the Law », poursuivis par les géniaux « Crusader » et « Princess of the Night »… Il est 2 heures du matin et des poussières, notre jean et notre cuir ont pris l'eau, mais c’est satisfaits que nous repartons de Clisson : le Hellfest a rendu sa grandeur à Saxon !