En ce début de printemps, nous prenons la direction de Denain pour un événement incontournable pour les amateurs d’extrême, In Theatrum Denonium. Pour sa neuvième édition, le festival a encore frappé fort avec une affiche riche et pointue. Retrouver le splendide théâtre à l’italienne de Denain est un plaisir. Il est un écrin parfait pour accueillir les groupes et est même intimidant tant y pénétrer donne l’impression de voyager dans le temps.
Par Franck Lasselle / Crédit photos : Moris DC (retrouvez plus de photos sur nos réseaux sociaux)
Après l’ouverture des portes, le premier rendez-vous se fait à l’étage dans l’ancien fumoir avec Maudits en mode duo guitare, violoncelle. Auteurs de trois prestations Olivier et Raphaël ont fait parler la sensibilité devant un public fourni. L’expérience sonore a été très belle, la grâce du son du violoncelle s’est mariée aux riffs de guitares aériens teintés post métal avec un charme fort.
La salle ouvre pour accueillir les Allemands d'Imha Tarikat. D’entrée, ils ne font pas semblant de tabasser en proposant un Black Metal cru et abrasif. Le chant de Ruhsuz est grave et profond et fait effet avec un côté déjanté donnant le frisson. La curée est totale et le rythme ne va jamais baisser d’un cran avec une intensité énorme en forme de tabassage en règle. Il se dégage un côté fin des temps à la fois attirant et terrifiant, le tout pas loin de la force d’un Mgła. En collant une belle raclée, Ihma Tarikat a lancé le festival idéalement.

Avec Thy Light, le Brésil est à l’honneur. Porteur d’un son Black dépressif, le groupe en impose avec son logo macabre et ses musiciens encapuchonnés. L’intro lugubre instaure une ambiance glauque. Puis, une charge puissante écrase la foule. Le chant a des airs de cris de damné. Le ton est sombre et oppressant avec juste une petite mélodie en arrière plan. Les titres sont longs avec un côté funeste majestueux. L’idée dépressive est magnifiée par d’excellents breaks calmes qui voient mélancolie, violence et noirceur s’entremêler. Thy Light a frappé fort, il a magnifié la tristesse avec une classe folle.

En matière de Pagan Black atmosphérique, les Anglais de Winterfylleth sont une référence. L’intro a un charme mélancolique fort. Puis, le groupe fait parler la puissance avec un chant d’écorché vif. En parallèle, on retrouve une force d’âme certaine avec un côté accrocheur épique remarquable. Cela donne un joli voyage dans des terres de légendes, la voix claire profonde portant l’idée Pagan. La magie est là, la communion est totale et Chris, bien bavard, apprécie l’accueil. Le mélange entre force épique et brutalité est envoûtant. Quand le groupe tabasse l’idée Black ne fait pas de quartiers. Winterfylleth a donné une leçon. Entre force et émotion il a montré tout son talent pour un Pagan/Black racé.

Avec sa musique pleine d’emphase et le thème de son dernier album, Opera, Fleshgod Apocalypse est une tête d’affiche idéale pour le théâtre. L’entame avec Veronica en mode opéra avec drapeau à la main colle le frisson. Dans un calme total la chanteuse brille et emporte la foule. Puis, les Italiens fascinent avec "I Can Never Die". Grosse claque de Death symphonique le titre cartonne avec un growl intense et séduit par la voix splendide de Veronica avec un refrain accrocheur énorme.

La suite est une démonstration de force avec une grandiloquence fabuleuse. "Sugar, No, Morphine Waltz" ou "Bloodlock" sont de fabuleux moments. La technique est ébouriffante, le piano est majestueux et cela donne un mixe symphonique de haute volée. Le côté théâtral est là avec un batteur fou aimant venir sur le devant de la scène et un chanteur charismatique jouant avec le public avec talent.
Le final avec "The Fool" ou "The Violation" est exquis avec un parfait mélange entre le growl et la voix gracieuse de Veronica. Il reste du temps pour un rappel et cela permet un délire avec sur "Blue" de Eiffel 65. Eugène s’empare du piano et joue la célèbre mélodie du titre en mode fun. Puis, le groupe au complet passe le tube euro dance à la sauce Death technique avec énergie. Fleshgod Apocalypse a proposé un concert de grande classe. Son art s’est montré en parfaite adéquation avec la beauté des lieux.

Cela conclut une soirée parfaite. In Theatrum Denonium confirme son statut de grand festival extrême réunissant la crème du genre. Il reste à remercier Fred, Nath et toute l’équipe du festival pour leur accueil sympathique et les saluer pour une organisation parfaite dans un écrin que nous avons hâte de retrouver pour une future édition.