Ce n’est pas tous les jours que la rédaction passe en revue une soirée placée sous le signe des musiques froides. Et pourtant, nous sommes convaincus que la passerelle entre les musiques extrêmes et les musiques froides est assez évidente quand on y réfléchit bien. Et donc, il n’est pas surprenant d’y avoir retrouvé quelques têtes bien connues le soir de la performance des Biélorusses de Molchat Doma à l’Aéronef de Lille le 29 novembre dernier.
Par Axl Meu
Urban Heat ouvre le bal et, à trois, ils nous présentent leur conception de la musique « froide » à mi-chemin entre de la Darkwave et de la Synthpop, que beaucoup semblent découvrir dans la salle. C’est leur première fois à Lille et en France ! En tout cas, ils ont marqué les esprits et de bien belle manière grâce à cette basse bien « groovy », ces claviers bien dansants et, surtout cette voix bien grave. À réécouter tranquillement à la maison.
Molchat Doma doit sa popularité en partie à ses mélodies froides, son chant en russe, mais aussi et surtout au réseau social TikTok qui a participé au succès toujours plus grandissant du groupe. Il n’est donc pas très surprenant de voir les Biélorusses, désormais expatriés aux États-Unis, se produire à l’Aéronef quatre ans après leur performance à La Bulle Café. Entre temps, chacun de nous a eu le temps de faire tourner en boucle leur album-phare Etazhi, mais aussi de nous plonger dans la lecture de leur quatrième opus, Beleya Polosa, paru en septembre dernier. C’est d’ailleurs ces deux albums qui seront mis en avant ce soir.
Un choix tout à fait compréhensible, mais qui comporte également certaines limites. Certes, Molchat Doma est parvenu à marquer les esprits d’entrée de jeu en dégainant trois faits marquants de son dernier opus : « Kolesom », « Ty Zhe Ne Znaesh Kto Ya » et « III », mais nous regrettons amèrement que l’ambiance soit retombée par la suite… La faute au parti pris du groupe qui soigne désormais plus sa musique ! Aujourd'hui, elle est ouvertement inspirée par Kraftwerk et Depeche Mode et, surtout, surproduite : le groupe laisse d’ailleurs plus de places aux atmosphères planantes (« Ne Vdvoem », « Belaya Polosa », « Chernye Tsvety »…) qu’aux mélodies brutes et minimalistes auxquelles il nous avait habitués sur ses deux premiers opus. Ça passe sur album, moins sur scène.
D’ailleurs, le public ne s’y trompe pas. Peut-être n’a-t-il pas écouté la dernière réalisation du groupe ? En tout état de cause, le temps a pu leur paraître long… Surtout qu'il ne se passe pas grand chose sur scène (la scénographie est très minimaliste pour le coup...). De là où nous sommes placés, il a fallu attendre la fin du concert marqué par les géniaux « Kletka », « Toska » et bien sûr « Sudno (Boris Ryzhyi) » pour revoir le public prendre son pied, dégainer son portable, et immortaliser le morceau qu’ils ont découvert sur TikTok.