Les nuits sont (trop) courtes, les journées (et les files d'attente) longues : voilà comment résumer la première partie du Motocultor. Et sa deuxième partie ne manquera pas d’achever les festivaliers une bonne fois p
our toutes. Il faut dire que des superbes noms, Watain, The Exploited, Sodom, Brutus, Abbath et Avatar sont à l’affiche !
Par Hyass et Axl Meu / Crédit photos : Axl Meu
SAMEDI 19 AOÛT :
Après une séance Cold / Indus / Trap Metal animée par PØGØ, duo lancé par les membres de Tetra Hydro et de Horskh, notre journée commence véritablement avec Sylvaine et son Post-Black / Blackgaze. La chanteuse d’origine norvégienne, épaulée par une section rythmique irréprochable, délivre ses meilleurs moments à la fois immersifs et mélancoliques, souvent tirés de Nova, son dernier opus. Une belle confirmation en ce qui nous concerne ! De l’autre côté, sur la scène principale, se prépare T.T.T., projet annexe lancé par Stef Buriez (chant, basse), Alex Colin-Tocquaine (guitare) et deux membres de Thrashback. L’idée est simple : rendre hommage à la scène Thrash old school en reprenant certains de ses hits : du Slayer, du Metallica, du S.O.D. et même du Exciter ! Une belle performance et un lancé de guitare qui aura laissé des traces dans le pit ! On enchaîne avec les mystérieux Pénitence Onirique : les membres du groupe jouent masqués et délivrent une musique calibrée pour les festivals de Black Metal : leurs morceaux, à la fois sombres et atmosphériques, font super bonne impression. Autant dire que nous avons hâte de découvrir leur nouvel opus, prévu pour début novembre !
Après un set de Coilguns placé sous le signe de la démence, nous retrouvons Birds In Row et son Screamo / Hardcore, qui délivre une énergie positive en vantant une forme de tolérance à toute épreuve. Musicalement parlant, les morceaux, souvent tirés de Gris Klein, sont frais, bien que torturés sur le plan des thématiques. D’ailleurs le public, sans doute frustré de ne pas les avoir vus au Hellfest en juin dernier, ne s'y est pas trompé : les abords de Massey Ferguscène sont blindés... Bien convaincus que Gatecreeper est l’une des formations Death Metal sur laquelle il faudra compter à l’avenir, nous boudons le concert de Sortilège pour assister au concert des Américains. Encore assez rares sur le sol français, les héritiers d’Obituary nous roulent littéralement dessus avec une musique à la fois lourde et grasse ! On adore !
L’autre groupe sur lequel nous comptons s’appelle Brutus. La sortie du dernier opus des Belges, Unison Life, a confirmé les espoirs de ce combo en devenir et nous prenons toujours le même plaisir à les revoir : au Rock In Bourlon pour commencer, à l’Alcatraz Festival ensuite, et enfin au Motocultor. Le set ne change pas et Stefanie Mannaerts (chant, batterie) se plaît toujours à scander ses psaumes sur un ton rageur mais mélancolique. Le public apprécie, nul doute que le groupe est entrain de franchir une étape dans sa carrière. Ensuite, c’est le dilemme : Russian Circles et Der Weg Einer Freiheit jouent en même temps ! Les deux rencontrent un bon accueil devant leurs fans de longue date, comme devant les badauds venus à la découverte. Der Weg Einer Freiheit, toujours en forme, gagne tout de même d’une courte tête cette battle improvisée. En se présentant sous un nouveau jour d’une tournée à l’autre, les Allemands relancent notre intérêt. La leçon de Post-Black est toujours de mise, mais le groupe se plait à perdre son auditoire en prenant les sentiers de traverse.
Il est déjà 21h20 et une autre leçon nous attend : nous retrouvons Sodom sur la scène principale. La performance est simple, mais d’une efficacité sans faille. Assez rare sur le sol français, le groupe de Tom Angelripper a retrouvé de belles couleurs depuis le retour de Frank Blackfire en 2018. Désormais à quatre, Sodom livre enfin des concerts bien tranchants, tout en continuant de piocher dans ses classiques : « Sodomy And Lust », « Nuclear Winter », « Blasphemer », « Agent Orange » en passant par le festif « Bombenhagel ». De la Deutsche Qualität en veux-tu, en voilà !
À peine remis de la claque donnée par Sodom, nous sautons de l’autre côté du site pour assister au rituel de Watain. Depuis leur dernière performance au Motocultor (2019), les Suédois ont fait paraître le superbe, The Agony & Ecstasy Of Watain, bien défendu ce soir à hauteur de trois titres : « Ecstasies In Night Infinite », « Serimosa » et « The Howling ». Sur le plan visuel, rien n’a véritablement changé. La scène est chargée en décorum satanique et Watain fait ce qu’il fait de mieux : le show, le vrai. Du début marqué par un lancé de torche embrasée dans la fosse jusqu’à la révérence finale de Erik Danielsson sur l'autel du groupe, les fans restent aspirés par cette cérémonie assez unique en son genre. On a adoré.
L’ambiance est bonne et il fait bon : nous profitons de la performance de Bullet For My Valentine devant un parterre conquis pour nous restaurer en repensant à nos jeunes années... Nous assistons ensuite au show d’Amenra. Rien de nouveau pour les Belges que nous avons l’habitude de voir sur nos terres nordistes. Colin H. van Eeckhout et ses fans communient et exorcisent ensemble leur mal-être existentiel. Et comme notre humeur est plutôt à la fête ce soir, nous passons notre chemin et nous installons pour accueillir les Punk de The Exploited. Au même moment, sur la grande scène Little Big va clore cette journée. Le choix de ce groupe d’Electro Rave russe peut interroger dans une programmation assez pointue comme celle du Motocultor. Il semble que le festival joue la carte de l’ouverture et aussi de la séduction pour attirer les plus jeunes d’entre nous. Une opération intelligente et payante : le groupe trouve son public, tout en permettant aux anciens de s’en tirer à bon compte en allant s’éclater sur un « Sex And Violence » d’anthologie des légendaires The Exploited.
DIMANCHE 20 AOÛT :
Dernière journée, la nuit a été… plus courte que les autres ! Et pourtant, nous n’avons pas trop le choix : il faut être prêt aux alentours de 11:30 pour assister au premier concert. Programmé au Tyrant Fest, Déliverance - projet annexe de l’ancien batteur d’AqME, Etienne Sarthou, a de quoi séduire : leurs morceaux sont lourds et leur identité sonore est marquée. Mais nous ne comprenons pas trop pourquoi le groupe joue en plein jour, sur une scène non-couverte. Même constat pour Gaerea qui joue de l’autre côté sur la Supositor Stage. Le Post-Black des Portugais cagoulés est extra’, mais nous sommes convaincus que leur show aurait fait meilleur effet la nuit plutôt qu’en plein jour !
Il fait assez lourd, et ce sont des conditions parfaites pour accueillir les parrains de la scène Doom japonaise, Church Of Misery, qui sont assez rares en France. Arborant fièrement son t-shirt « You can only trust yourself and the first six black Sabbath albums », Hiroyuki Takano, accompagné de Tatsu Mikami à la basse, propose un set dynamique, solide et envoûtant ! C’est assez pour nous convaincre d’aller jeter une oreille sur leur dernier opus en date, Born Under A Mad Sign. Au même moment, les habitués du Motocultor, Heart Attack, prennent d’assaut la scène principale. Force est de constater que le groupe niçois a bien évolué depuis ses débuts en 2007. Cependant, nous n’arrivons pas tout à fait à rentrer dans la ronde... Après nous être fait rouler dessus par un Nostromo toujours aussi efficace mais sans surprise, et être allés à la conférence de presse animée par Yann Le Baraillec et Christian Troadec (M. Le Maire de Carhaix-Plouguer), nous reprenons notre périple Doom avec Messa, porté par la charismatique Sara. L’ensemble, mêlant à la fois Rock 70’s, Jazz et Blues Rock, fait un véritable carton auprès de l’auditoire et permet d’apaiser les esprits le temps de quelques mesures !
Archspire a fait le tour de l’Europe cet été ! Nous les avons vus une première fois en Slovénie dans le cadre des MetalDays, puis en Belgique à l’Alcatraz et maintenant en Bretagne. Mais nous avouons ne nous lasser pas de voir la même prestation, toujours aussi millimétrée : les parties sont certes techniques, mais les Canadiens ont ce côté fun qui ajoute un truc en plus à leur concert. Ça se vanne et ça lance une partie de Twister dans la fosse. Vraiment chouette. Ensuite, nous coupons la poire en deux : nous allons un peu voir Crowbar, toujours aussi lourd et bien ancré au sol, puis nous assistons de loin au concert des otaku de Rise Of The Northstar qui anime la fosse de la Dave Mustage avec leurs hits : « Here Comes The Boom », « Samurai Spirit » ou encore « Again And Again ».
Dieth, le nouveau projet de Dave Ellefson, rencontre un maigre succès par la suite : il faut dire que le groupe, aussi bon soit-il, ne parle pas à grand monde. C’est bientôt la fin du festival et beaucoup commencent à plier bagage dans le camping. Pourtant, d’autres gros morceaux arrivent, à savoir Biohazard et Dying Fetus qui se produisent en même temps ! Rien à redire quant à leurs performances. Les deux formations sont exactement là où on les attend. Puis, c’est autour d’Avatar de prendre la main avec un show clownesque et malsain dont seuls les Suédois ont le secret. Scéniquement irréprochable, Johannes Eckerström joue les clowns loufoques (son entrée sur scène est spectaculaire !) et revient sur ses plus grands hits à la saveur Pop. Une vraie tête d’affiche. Et pour finir, nous laissons Abbath s’occuper de nous avec un show plus que rassurant : le Norvégien - qui semble être en pleine forme depuis quelques mois - se focalise essentiellement sur sa carrière solo et son concert est marqué par plusieurs points d’orgue, notamment lorsqu’il joue les cracheurs de feu ! Nous sommes aujourd’hui à des kilomètres de la performance bancale qu'il a livrée au Motocultor en 2018 !
Les derniers accords lunaires d’Elder accompagnent notre retour au camping : nous sommes épuisés, mais heureux, car nous sommes convaincus que le projet du Motocultor à Carhaix est viable et prometteur, même si de nombreux points restent à revoir, notamment en ce qui concerne la propreté des sanitaires et les files d’attente interminables. Nous reviendrons.