Au-delà des clichés, faire jouer Nargaroth par un soir d’hiver frais et pluvieux revêt un caractère mystique que les centaines de spectateurs présents au DVG Club ce 31 janvier savourent comme un cadeau béni des enfers. Accompagnés pour l’occasion de Coldborn et Sapovnela (Belgique), les allemands étaient venus avec la ferme intention de montrer que le Black Metal teuton n’a rien perdu de sa noirceur et de son efficacité. Heretik était aux premières loges !
Par Fred VDP / Photo : Moris DC
Notre dernière visite au DVG Club ne nous avait pas laissé un souvenir impérissable, notamment à cause de l’acoustique très médiocre qui avait alors gâché le concert de l’époque (somme toute assez récente). Autant dire que lorsque le premier groupe arrive sur scène, nous nous précipitons sur les protections auditives afin de sauvegarder ce qu’il nous reste de tympans, histoire également de profiter de la soirée. Et pourtant, il semblerait que la salle ait fait un très gros travail sur l’acoustique puisque, autant le dire, les trois prestations du soir ont été d’une qualité sonore irréprochable. Et quand c’est bien il faut le dire !
Revenons donc à Sapovnela qui ouvre le concert et concentrons-nous sur leur musique. Formée en 2023, cette jeune formation flamande propose un Black Metal Old School aux riffs bien lourds, teinté d’univers obscurs et de thèmes sombres. Leur musique est radicale et l’on sent clairement une forme de maturité scénique malgré le jeune âge de ses membres. Le set est costaud, efficace, et le jeune frontman entraine le public dans ses assauts vocaux d’une justesse clinique. Et pour un groupe qui n’a même pas encore enregistré le moindre son (ni EP, ni album), tenir un set de 40 minutes aussi intéressant relève de la performance, à laquelle il manque toutefois un peu de jeu scénique qui devrait venir avec l’expérience. Une formation à suivre !
La difficulté pour un « One-Man-Band » résulte dans le fait de devoir chercher une équipe de musiciens lorsqu’il s’agit de se produire en Live. C’est le cas de Norgaath, unique membre permanent de Coldborn, qui se produit ce soir sur la scène du DVG. Et là encore, le frontman a su s’entourer de la meilleure des manières afin de proposer une prestation digne de ce nom, surfant sur les deux albums du groupe, dont le dernier, The Unwritten Pages of Death, sera le plus représenté. Le son, on l’a dit, est parfait, les titres s’enchainent rapidement, et l’on regrettera juste la barrière communicative que Norgaath instaure avec son public, pourtant acquis à la cause de Coldborn. Un set toutefois de très belle qualité de la part des flamands.
En un peu moins de 30 ans de carrière, Nargaroth aura su traverser les méandres du Black Metal, évitant les pièges parfois faciles que les rageux ont trop souvent tendance à dresser sur la route de groupes du même style. Ash, leader charismatique de Nargaroth, se présente avec la ferme intention de retracer un grand pan de la carrière du groupe. C’est d’ailleurs de manière assez chronologique que les membres de Nargaroth vont dérouler leur set. « Herbstleyd » et « Karmageddon » ouvrent le concert, avec un gros son d’ensemble, sublimé par le jeu impeccable des musiciens, laissant peu de place au calme et aux passages atmosphériques auxquels nous ont habitués les allemands au fil de leurs sept albums et deux EP’s. On retiendra les efforts de Ash pour dialoguer avec le public, ainsi que les titres « Sommer », « Possessed by Black Fucking Metal » et « Manchmal Wenn Sie Schläft” qui électrisent un public ravi de la performance de Nargaroth. Le set s’achève sur “Seven Tears are Flowing to the River”, suite auquel le public attend impatiemment un rappel qui n’arrivera jamais.
Il s’agit là du seul bémol d’une soirée de grande classe dont nous repartons convaincus. Espérons que cela continue sur cette voie et que le DVG Club ait pu réellement améliorer ses problèmes acoustiques. Enjoy !