Habituellement, le Rock In Bourlon est un festival qu’on aime retrouver après notre séjour au Hellfest Open Air. Cette année, le petit festival du Nord de la France a dû s’adapter et s’est finalement déroulé le week-end de la fête de la musique - du 21 au 23 juin dernier - sur la Place de l’Abreuvoir de Bourlon qui - une fois par an - ne porte jamais aussi bien son nom !
Organisé par Cerbère Coryphée qui sévit toute l’année sur la métropole lilloise, le Rock In Bourlon apparaît comme un gros « best-of » des formations qui se sont déjà produites sous l’étiquette "Cerbère Coryphée" et reste avant tout un festival à taille-humaine où il fait bon vivre et où se côtoient musiciens et artisans pour le plus grand plaisir des amateurs de bizarreries musicales et musiques extrêmes.
Depuis deux ans maintenant, le Rock In Bourlon fixe un tarif de base (et non plus un prix libre), ce qui n’a pas freiné l’enthousiasme des festivaliers qui sont venus en nombre ce week-end (on parler de 5600 festivaliers sur tout le week-end) : il faut dire que les tarifs proposés défient toute concurrence : on parle de 10e pour une journée - 15e pour celle du samedi - pour en moyenne dix groupes répartis sur deux scènes.
Par Axl Meu / Crédit photos : Moris DC (retrouvez plus de photos sur nos réseaux sociaux)
VENDREDI 21 JUIN :
Par contre, il y a tout de même un petit couac qui a failli remettre en cause la bonne tenue du festival : nous sommes le vendredi 21 juin et la météo est - comment dire... - assez chaotique depuis quelques semaines. Quand nous prenons la route, il pleut littéralement des cordes, de quoi freiner l’enthousiasme des festivaliers qui, finalement, auront droit à une fin de journée ensoleillée.
Rock In Bourlon oblige, les formations s’enchaînent sur un rythme fou entre la scène de l’Abreuvoir et celle du Paon (petite scène située à l’opposé de la scène de l’Abreuvoir). À commencer par Ciśnienie, première formation de la soirée qui ouvre le festival sur une note « freejazz » particulièrement bienvenue. Après les locaux de Deûle, on y a découvert Spotlights et leur univers saturé et atmosphérique. Plus tard, niveau extravagance, nous sommes servis avec Oxbow qui nous a servi un concert animé par la testostérone du chanteur...
Cette première soirée est placée sous le signe des musiques extrêmes avec Iffernet, Morne, Wormrot et Hulder. Le duo « chant, guitare »/ « batterie », Iffernet, fait forte impression avec un Raw Black Metal, particulièrement inspiré et nous rappelant sans cesse les meilleurs moments de la carrière de Darkthrone. Quant à Morne qui se produit aussi sur la scène du Paon, que dire si ce n’est qu’il plonge une bonne partie du public dans une dépression existentielle avec des sonorités lourdes, lentes et répétitives bien prenantes ?!
Sur la scène principale, en fin de journée, nous y voyons un Wormrot - qui malgré l’absence de Weish - fait le job, réveille les plus énervés du pit à l’aide d’un Grindcore particulièrement incisif. Et pour finir la journée, les machines de Modern Men et le Black Metal de Hulder... Et voilà une première journée qui a rempli toutes ses promesses : beaucoup de décibels, une belle palette de couleurs musicales proposées, de belles découvertes (notamment Iffernet et Morne), une belle confirmation Modern Men et des flammes sur Hulder.
SAMEDI 22 JUIN :
Naturellement, la journée du samedi est la plus « ouverte », mais aussi paradoxalement la plus énervée ! En tête d’affiche, le Rock In Bourlon accueille Dool et Zeal & Ador et la scène du Paon est - à part Chiaroscuro et Carrie Goss - réservée à la scène Punk/Hardcore locale, hexagonale et internationale. Alors, après une reprise bien sentie de « A Forest » (The Cure) proposée par Chiaroscuro, c’était littéralement « la bagarre » physique (et politique) de False à Worst Doubt, en passant par Jodie Faster et JAD.
De l’autre côté, la scène de l'Abreuvoir a été animée en ouverture par Queen(Ares) qui - décidément - enchaîne les belles scènes dernièrement : le Metaphone, le BetiZFest et maintenant le Rock In Bourlon. Le propos est toujours le même, reste très solide, mais voilà une formation qui gagnerait tant à s’exporter ! Après le set typé Black’n’Roll proposé par Witching, les rythmiques mécaniques de Valborg prennent clairement la flotte : c’est que la pluie tombe continuellement depuis la moitié du concert de Calcine ! Heureusement pour nous, cette parenthèse météorologique n’est que de courte durée, ce qui nous permet de nous informer des revendications politiques de Jodie Faster dans d’excellentes conditions (le soleil repointe enfin le bout de son nez).
Niveau surprise, on peut compter sur Jivebomb. Relativement inconnu sur notre sol, la formation américaine profite de son premier concert européen pour présenter son esthétique, à la fois « Hardcore », mais aussi décalée. Dommage cependant que leur concert soit de si courte durée.
La présence de Dool à l’affiche est une véritable satisfaction. Dernièrement, la formation « made-in-Roadburn » a fait paraître The Shape Of Fluidity, porté par le superbe morceau autobiographique « Hermagorgon » incarné par un.e Raven van Dorst habité.e par son art visiblement influencé par Killing Joke. En atteste notamment cette superbe reprise du hit « Love Like Blood » ! En fin de journée, Zeal & Ardor a profité de sa nouvelle performance nordiste pour présenter quelques nouveaux morceaux de son nouvel album, Greif. Et que dire si ce n’est que la philosophie musicale « Black Metal / Soul music » de Manuel Gagneux continue de diviser ? Pour notre plus grand plaisir ?
DIMANCHE 23 JUIN :
La dernière journée est traditionnellement la plus tranquille. C’est dimanche, enfin ! Et donc les groupes à l’affiche flirtent surtout avec le Rock expérimental ou même le Stoner, parfait pour accompagner la petite sieste des festivaliers. On pense notamment notamment à Ladeûlas qui n’est autre que la fusion des locaux de Deûle et de Lassolas, venu pour défendre leur premier EP : c’est libre, c’est frais et ça marche, bien sûr ! Dans le même registre, on retrouve Monsieur Thibault qui évolue lui dans un registre loufoque et décalé, qui rappelle la grande époque du Prog Rock.
Par la suite, notre curiosité nous fera aller du côté de l’Église de Bourlon pour la performance inédite de Maud The Moth que nous retrouverons d’ailleurs un peu plus tard avec un autre groupe, Healthyliving. Très reposante, la performance à l’église est une véritable invitation à la méditation : nous regrettons toutefois que certains festivaliers n’aient pas pu assister à cette performance. Peut-être faudrait-il revoir la formule et ainsi proposer plusieurs séances les années à venir ?
Une fois de retour sur le site de l’Abreuvoir, nous retrouvons les Norvégiens d’Årabrot et leur style vestimentaire particulièrement décalé : la musique du couple Kjetil Nernes / Karin Park est assez envoutante, à mi-chemin la Noise Rock et le Doom. C’est assez pour nous faire passer un bon moment ! De l’autre côté, sur la scène du Paon, nous retrouvons successivement Chaos E.T. Sexual et Princess Thailand, dernièrement remarqués lors de leur passage à Lille.
Les performances s’enchaînent et ne se ressemblent pas, mais c’est bien celle de 1000Mods qui remportera tous les suffrages. Partisans de la cause LGBT, les Grecs délivrent un Rock lourd et authentique. Ça fait du bien ! De l’autre côté, Slomosa se prépare à l’arrache : ils viennent juste d’arriver sur Bourlon après des heures de galère. Ils ont manqué leur avion et puis, ils se sont pris les bouchons sur Charleroi. De quoi décupler les remplaçants de Nebula ! Benjamin Berdous (chant/guitare) porte fièrement les couleurs de l’équipe de France (qui a fait match nul deux jours auparavant contre les Pays-Bas) et nous livre un set habité rythmé par d’excellents morceaux « There Is Nothing New Under The Sun », « Kevin », « Horses » et « Psyknaut ». Les Norvégiens débordent de peu leur set et Year Of No Light commence leur set assez tardivement et conclut cette édition sur une note occulte !