La première journée du Samhain Fesival a été parfaite. Au vu programme de ce second jour il est tentant de se dire que la réussite sera au rendez-vous. La foule est nombreuse avant l’ouverture ce 27 Octobre et la salle annexe sera vite remplie pour le début.
Par Franck Lasselle / Crédit photos : Moris DC
Le démarrage se fait avec Rituals Of The Dead Hand. Les Belges oscillent entre Black et Doom et l’intro aux airs de fin du monde pose l’ambiance. L’entame est lourde avec un côté écrasant. La voix des ténèbres amène la face black et cela donne un mixe violent avec une force terrifiante. Il y a la sensation de voir un Immortal teinté doom. La suite est violente avec un aspect obscur glacial et une haine palpable dans le chant. Rituals Of The Dead Hand a balancé une tempête qui a tout dévasté sur son passage.
La grande salle démarre avec Ghost Bath. Les Américains entraînent dans un monde apocalyptique dès l’intro. Dennis balance un cri primal, la musique est lourde et les orchestrations amènent un côté flippant Post Metal. Cela donne un Black dépressif doté d’une face gothique au travers de passages mélancoliques. Cette tristesse est attirante et se mixe à la violence avec du charme comme si Paradise Lost s’était lancé dans l’art noir. Ghost Bath a mixé les ambiances et envoûté la foule avec talent.
Les Américains de Cloak aiment mélanger les atmosphères. L’intro mystique fait effet puis "Ethereal Fire" démarre en déflagration Black Metal. Mais il y a aussi de la nuance. Dans le chant se dégage des aspects gothiques comme une alliance entre Dissection et Tribulation. L’accueil est sympa et "With Fury And Allegiance" et "In The Darkness", "The Path" séduisent avec de la brutalité et des moments mélodiques. "Seven Thunders" et "Holy Dark" sont prenantes confirmant la force du groupe pour une puissance fragile. Cloak a charmé avec force et sensibilité.
Messa plonge hors du temps avec "Babalon" puis "Suspended". Le subtil mixe entre Doom, progressif et atmosphérique est divin. La lourdeur étant accompagnée par des passages mélancoliques aériens. La voix angélique de Sara est fabuleuse et parle à l’âme dans une salle très calme. Avant "Leah", elle remercie le public avec une fragilité touchante. Le titre fait effet avec un côté Doom et des atmosphères éthérés. Après un solo de guitare aérien, les titres continuent de faire effet avec la même belle sensibilité. Dans une journée brutale, Messa a été un moment de grâce.
Avec Alkerdeel, le ton est lourd et puissant. Les Belges mixent force du Black avec des aspects gras dans un esprit Sludge. Le chant grave est énorme et il ressort en parallèle un côté lancinant hypnotique. La face Black Metal ne fait pas dans la dentelle et claque au mur. C’est un véritable tourbillon qui emporte la foule. Violence, rage et lourdeur fusionnent pour un résultat puissant sans pitié ni lueur d’espoir. Alkerdeel est un mastodonte plein de hargne qui a proposé un concert marquant.
Les Américains d’UADA font planer dès l’intro une idée sombre. Puis ils frappent fort avec un subtil alliage entre force et mélodie. Le chant abyssal est fabuleux de hargne. Ce Black est sauvage mais aussi épique avec une idée de voyage mystique. Ce qui fait la force du groupe c’est le côté mystérieux, ésotérique qui couplée à la violence Black donne un résultat flamboyant. Chaque titre est dans une idée sauvage accrocheuse et ravit une foule calme. UADA a mixé les ambiances avec un talent énorme.
La France est à l’honneur avec Seth. L’intro théâtrale donne le ton de même que l’arrivée de Saint Vincent, en tenue de cérémonie occulte. L’entame avec Insurrection est fabuleuse en forme de tarte Black. Le chant en français est prenant et le résultat est majestueux avec le clavier en avant. "Métal Noir" et "La Destruction des Reliques" sont fortes en âme taillées dans un black puissant et accrocheur. "La Morsure du Christ" et "Que Vive le Diable!" Prennent à la gorge avec une force mystique flamboyante. "Hymne au Vampire : Acte III" finit la prestation avec un côté décadent. Seth a proposé un concert taillé dans un Black racé de grande classe.
Avec Borknagar, le festival accueille un grand nom de la scène black viking. "The Fire That Burns" est une entame idéale. Vortex alterne growl et chant clair avec aisance, le clavier amène l’idée Folk et le côté violent prend aux tripes. "The Rhymes Of The Moutain" et "Up North" font dresser les poils avec l’idée épique portée par le chant clair et bastonnent en beauté. "Voices" scotche par son côté Folk puis alterne entre force et mélodie. "Colossus" et "Winter Thrice" sont deux claques portées par un Vortex charismatique et dotées de mélodies entêtantes. Borknagar a été parfait et a fait voyager dans le grand nord.
Hexvessel va emmener en voyage. L’intro sombre pose l’ambiance puis les finlandais démarrent fort. Le ton oscille entre mélancolie, Folk avec des passages atmosphériques planants. Le tout est survolé par un Mathew brillant avec un chant clair profond incantatoire. La violence teintée Black sort de temps en temps pour bien faire ressortir le charme de la voix avec une allure cérémonielle. Tout cela fait partir à la croisée de Ulver, Sólstafir et Agalloch avec mélancolie et une grande force d’âme. Hexvessel a donné un concert envoûtant qui a transporté le public.
Un gros morceau arrive avec Rotting Christ. Les grecs restent les patrons en matière de black métal occulte et l’entame sur Aealo est énorme. Ce jus violent et mystique est fabuleux, parfaitement porté par un Sakis Tolis au ton incantatoire pénétrant. "Pretty World", "Pretty Dies" et "Demonon Vrosis" sont parfaites avec un ton épique et une face noire attirante et violente. "Kata Ton Daimona Eaytoy" et "Like Father, Like Son" enchaînent avec une force gothique portée par Sakis. La suite est énorme avec un parfait aspect ésotérique dans "The Sign Of Evil Existence", "Non Serviam" ou "Societas Satanas". Dans le final, "The Raven" dégage la même puissance mixée à une mélodie imparable. Rotting Christ a été à la hauteur de sa légende et a proposé un concert malsain et attirant.
La salle annexe termine sa programmation avec Spectral Wound. Les Canadiens aiment la face brutale du Black Metal et vont le prouver après une intro très sombre. Le concert se lance sur des bases sauvages, la violence dégagée est terrifiante et digne d’un Marduk. Le chant en forme de cri bestial renforce cette sensation. L’intensité dégagée cloue le public et jamais le rythme ne baisse. Chaque titre semblant plus méchant que le précédent en parfaite déferlante de rage. Spectral Wound a été à la hauteur de son statut de tête d’affiche. Il a proposé un concert hargneux jouissif.
Dans la grande salle ce sont les américains de Russian Circles qui finissent les hostilités. Avec un Post-Rock instrumental Metal proche d'Isis ou Cult Of Luna, ils ont attiré la foule. "309" est une entame idéale. Force et mélodie se mêlent avec élégance. Il se dégage une belle mélancolie et un côté lugubre. "Harper Lewis" ou "Quartered" sont de jolis voyages avec une idée Sludge. Il règne un côté hypnotique fort comme un voyage dans le lointain. La salle est calme et concentrée savourant la leçon. "Mota", "Betrayal" et "Gnosis" ont la même puissance attirante. Il ressort de la finesse et de la grâce avec un côté glacial. Russian Circles a donné un concert d’une classe certaine et confirmé sa force pour transporter une foule dans une autre dimension.
Ceci termine une seconde journée de haute volée. Le Samhain a été une réussite avec une succession de grandes prestations. Il reste à remercier les organisateurs pour leur accueil et leur travail au service de la cause métallique.