Le soleil avait permis de faire oublier la boue. Mais cette quatrième journée de Wacken va être plus rude, la pluie a frappé et le site a repris ses allures de chantier difficile à pratiquer.
Par Franck Lasselle / Crédit photos : Moris DC
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Le décor est lunaire quand les scènes principales ouvrent. Le public est peu présent et Masterplan joue devant une affluence digne d’un club. Cela n’entame pas la bonne humeur du groupe, Rick Altzi porte des lunettes de plongée. Le groupe célèbre ses 20 ans avec efficacité. Certes Jorn Lande n’est plus là, mais Roland Grapow garde la maison. Des titres comme « Enligthen Me », « Back From My Life » ou « Spirit Never Die » font plaisir. « Altzi » est parfait avec un ton puissant et Grapow reste un virtuose du riff. Masterplan s’est rappelé à notre bon souvenir avec un concert énergique sympathique.
La Faster s’ouvre avec Delain avec un public fourni. La formation néerlandaise a changé récemment avec notamment l’arrivée de Diana Leah au chant. Le récent « Dark Waters » est à l’honneur et avec « The Cold » et « The Quest And The Curse », la formation propose une bonne charge de Metal symphonique porté une voix puissante et agréable. Les anciens titres comme « Burning Bridges » ou « April Rain » sont parfaitement repris et le succès est au rendez-vous. Sur trois titres dont « Your Body Is A Battleground », Paolo Ribaldini accompagne efficacement Diana. Le tube « We Are The Others » achève de convaincre de la pertinence d’un line-up sympathique. Delain a réussi sa mue avec classe.
Sur la Louder, Angus McSix dans sa tenue de super-héros et accompagné d’un bassiste Skeletor et d’une guitariste guerrière fait le show. L’ex-Gloryhammer s’est lancé en solo avec réussite et le public est bien présent pour le retrouver. Des missiles comme « Master Of The Universe », « Laser-Shooting Dinosaur » ou « Amazons Of Caledonia » sont irrésistibles avec de l’humour et belle une ironie. Angus est bavard et communique à merveille avec la foule. Le spectacle a été parfait avec un côté théâtral prenant, Angus a prouvé qu’il avait un avenir en solo.
Jinjer est la sensation du moment. Avec leur Death groovy, les Ukrainiens cartonnent partout. La Faster affiche complet et d’entrée avec « Perennial » le ton est donné. Le growl féroce de Tatiana colle au mur de même que le rythme percutant. Le chant clair amène la touche mélodique et cela met le feu au public. « Ape », « Call Me A Symbol », carburent tout autant. Devant ses couleurs nationales le groupe se déchaîne avec intensité. Plus mélancolique, « Vortex » permet de souffler avec une Tatiana en mode chant clair vénéneux. Après un « Copycat » technique proche d’un son progressif « The Prophecy » repart dans le Death et assomme la foule. En fin de concert, « Sleep Of The Righteous » et « As I Boil Ice » sont parfait avec la même force de frappe. Jinjer a montré qu’il était plus qu’un effet de mode avec un concert brutal et emprunt d’un charme sombre.
A côté, la fête s’annonce avec Alestorm. Les poussins sont sur scène et dans la foule tout le monde se tient prêt. L’entame sur « Keelhauled » est folle. Le son Folk fait des ravages, le groupe est déchaîné, notamment Bowes qui se défoule sur son clavier et chante avec énergie. L’ambiance est délirante et avec « No Grave But The Sea » puis « The Sunk’n Norwegian », elle monte d’un cran. Les chœurs font effet avec des refrains énormes, le son Folk Metal est irrésistible et il règne un joyeux bordel dans la plaine. La suite du spectacle va être une fête à boire. « Alestorm », « Mexico », « Ship Boat », « Drink » sont des tubes instantanés balancés par un groupe décidé à s’amuser. Le final avec « Zombies Are My Pirate Ship » et « Fucked With An Anchor » est fun et délirant en forme d’hymnes à la gloire des pirates. Avec cette prestation, Alestorm a donné le sourire à tout le monde.
Sur la Louder, le Death est à l’honneur. Les canadiens de Kataklysm vont proposer une grande leçon de brutalité. Ils vont enquiller les missiles comme « Thy Serpents Tongue », « The Ambassador Of Pain », « Underneath The Scars » ou « In Shadow & Dust » avec férocité en début de concert. Le chant abrasif de Maurizio est énorme, le rythme intense en forme de tarte en pleine tronche. Tout cela est solide avec parfois un côté Death Groovy ressortant sur le récent « Bringer Of Vengeance ». La fin de concert voit Maurizio réclamer des slams et faire de l’humour avec la sécu. Avec « Outsider », « Serrenity In Fire » et « The Black Sheep », ils achèvent l’audience avec classe. Kataklysm est venu, a vu et a vaincu.
Légende du Death, Possessed a attiré les foules. Porté par un Jeff Becerra en fauteuil roulant le groupe va donner la leçon. Les pépites sorties des albums historiques du groupe se mêlent bien aux nouveaux morceaux. Le plaisir de retrouver un bon vieux Death est total pour la foule. Le côté cru et méchant fait effet et Becerra montre une énergie impressionnante en hurlant de toutes ses forces. Avec « Damned », « Pentagram », « Beyond The Gates », « Swing Of The Axe » ou « The Exorcist » tout le monde est collé sur place. La décharge est intense portée par des musiciens au top. Sur le final, la légende s’écrit avec « Fallen Angel », « Death Metal » et « Burning in Hell », portés au panthéon du Death Metal. Possessed a été fort, voir l’histoire sur scène a été une chance et chacun l’a savourée.
Sur les scènes annexes il y a du lourd avec Evergrey qui débarque. La formation progressive suédoise va proposer un concert heavy, mélancolique et technique. Englund se montre à la fois fragile et puissant et illumine des titres comme « Save Us », « Eternal Nocturnal » ou « A Silent Arc ». Ce concert a été fin et intense, grand moment de métal progressif classique.
Voivod va donner le tournis. Son Techno/Thrash reste d’une intensifié fabuleuse, la formation canadienne va atomiser le public avec une set list parfaite. « Obsolete Beings », « Synchro Anarchy », « Thrashing Rage » ou encore « Voivod » sont immenses. Langevin, Mongrain et Laroche tissent un ensemble technique et progressif qui impressionne. La folie dégagée donne le tournis avec une violence fabuleuse prenante. Bélanger marque tout autant par son chant robotique et cela fascine un public resté nombreux malgré les gros concerts en parallèle. Voivod a été une fois encore immense.
Sur la Faster, la foule est dense pour accueillir Heaven Shall Burn. Les Allemands sont comme chez eux et leur show va marquer. La formation a sorti du lourd avec flammes, lights et décors énormes et est dotée d’un son puissant. Porté par un Marcus puant de charisme, le groupe va dégainer le meilleur d’un Death mélodique furieux. Avec « Endzeit », « Protector », « Godiva », « Forlon Skies » ou « Combat », il fait impression et dégage une puissance énorme portée par des riffs rapides. La folie qui emporte la foule est dure à décrire tant elle est intense. La boue n’a pas empêché les circle pits et des slams dans tout les sens dans un esprit joyeux. Dans les rappels, « Valhalla », la reprise de Blind Guardian a achevé tout le monde dans un bel esprit de communion. Heaven Shall Burn a été à la hauteur de sa réputation et fait honneur à sa place en haut sur l’affiche.
Le final est porté par Dropkick Murphys. Les Américains sont parfaits pour finir le festival avec leur Punk/celtique. La prestation va être magique : le groupe a la pêche, les lights et le décor sont splendides et réchauffent la foule. Celle-ci va apprécier des hymnes mettant en avant l’humain et une idée ancienne d’humanité et de fraternité. « The Boys Are Back », « Blood », « You’ll Never Walk Alone », « I Know How It Feels » ou « Worker’s Song » portant cette marque dans cet esprit celtique donnent le frisson. « All Barr » est impérial avec son ton éraillé et sa sympathie et ses compères tissent un bel ensemble Folk Celtique Punk. Sur le final, « Rose Tattoo » et « I’m Shipping Up To Boston » sont de splendides hymnes fédérateurs donnant le frisson. Dropkick Murphys a donné une belle leçon et a fait danser la foule avec une classe incomparable.
Cela clôture une édition particulière. Elle s’est bien terminée avec son lot d’excellents concerts, mais il est obligatoire de penser en priorité aux nombreux fans absents. Si Wacken veux rester le plus grand festival Metal, il ne peut pas se permettre de faire revivre cela.